Carte de visite « luxe »

On dit que les cordonniers sont les plus mal chaussés. Les informations de contact figurant sur ma carte de visite n’étant plus tous valables, il était temps de faire mentir cette maxime. Suivant cette autre selon laquelle « on n’est jamais mieux servi que par soi-même », je me suis attelé à concevoir le nouveau modèle, que voici (avec un faux numéro de portable sur cette image, par mesure de tranquillité vis-à-vis du démarchage) :

Puisque, pour un graphiste, une carte de visite fait également office de carte de visite (dans le sens, cette fois, de vitrine d’un savoir-faire !), j’ai profité de l’occasion pour réaliser un logo basé sur mes initiales, et ai opté pour une grande qualité de matériau et une touche d’originalité dans le façonnage, à savoir dans le cas présent un papier texturé (toucher papier chaleureux) et une épaisseur notable conférant une grande rigidité et constituée de 3 couches dont l’intermédiaire reprend la couleur du logo, constituant une finition peu usuelle et soignée.

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Logotype pour DMS, entreprise de réparation de machines à coudre

Première version proposée :

Logo DMS : retour sur la création 1/3

Dessin de la machine

Le commanditaire avait déjà fait réaliser un dessin pour sa vitrine (photo ci-dessous). Je propose de partir de ce dessin qui me semble être une direction pertinente pour le logo :

Pour les recherches, je me propose d’intégrer les contraintes suivantes : courbes agréables, choix d’un niveau de stylisation faisant le meilleur compromis possible entre trois objectifs :

• une sensation de finesse et d’élégance,
• un réalisme suffisant pour bien identifier une machine à coudre ancienne
• et une simplification des détails inutiles, pour permettre une parfaite lisibilité de l’image à taille réduite.

À réaliser en dessin vectoriel, afin de garantir une parfaite définition de l’image à toute taille de reproduction, y compris sur une enseigne par exemple.

Mes recherches dans une banque d’images libres de droits m’amènent à retenir un modèle créé par Kandserg. Je supprime tous les textes et éléments graphiques autres que la machine elle-même, puis simplifie quelques aspects dans les reflets, modifie la forme de manivelle et ajoute le socle pour m’approcher du dessin de la vitrine.

Ajout du fil

L’idée du fil, présente dans le dessin de la vitrine, est intéressante à plusieurs titres : c’est un élément qui contribue à l’identification immédiate que ce qui est représenté est une machine à coudre ; l’entreprise propose, en plus de la vente et réparation de machines, de la vente de matériel de couture, y compris du fil ; enfin, troisième avantage, graphique celui-là, le trait matérialisant le fil peut apporter de la couleur, et faire un lien entre le dessin de la machine et le nom de l’entreprise, qui sera ajouté en un second temps après des recherches dédiées (voir prochain article).

Logo DMS : retour sur la création 2/3

Recherche de police

Après plusieurs essais, la première police que je choisis de retenir pour des tests plus poussés est celle ci-dessus. L’idée que j’ai en tête est de contrebalancer deux aspects du dessin de la machine :

• celui-ci reste, malgré la stylisation et la simplification d’un certain nombre de détails, assez complexe ; la ligne libre et fantaisiste du trait représentant le fil y contribue. La police choisie ici a des formes très simples et droites qui contrastent avec les courbes du dessin, apportant une impression de solidité intéressante pour donner à percevoir le sérieux de l’entreprise.
• la machine à coudre représentée étant une machine ancienne, une police sans empattement, aux lignes rigoureuses apporte un sentiment de modernité qui pourrait suggérer que l’entreprise est moderne, en phase avec les attentes d’aujourd’hui.

Avec le recul, il m’apparait que l’ensemble ne fonctionne pas bien : au lieu d’équilibrer l’image donnée par le dessin, la police ne s’accorde pas suffisamment avec lui, et l’image globale est confuse, brouillée, les « messages » transmis par le dessin d’un côté et par la police de l’autre se contredisent plutôt que de se compléter et se nuancer subtilement. De plus, la forte graisse des lettres « DMS » concurrence la force des aplats du dessin de la machine, au point que l’œil ne sait pas ce qu’il doit regarder en premier.

J’en conclus qu’il faut opter pour une police plus « rétro », plus en phase avec l’ancienneté de la machine à coudre représentée. La nouvelle police à trouver devra également permettre une meilleue hiérarchisation visuelle par rapport au dessin de la machine.



Mon choix se porte sur la police ci-dessus, qui condense plusieurs caractéristiques qui me semblent parfaites pour ce projet :

• un « look » rétro donné par les empattements et les pleins & déliés ;
• le dessin des caractères est très structuré (les lignes horizontales intermédiaires sont situées exactement à mi-hauteur) et sont dominées par des lignes droites qui renforcent la rigueur globale des formes, apportant un sentiment rassurant de stabilité, de fiabilité ;
• le dessin des caractères s’inscrit dans un rectangle plus haut que large (chasse étroite), ce qui permet d’occuper avec les textes toute la hauteur du dessin sans allonger de beaucoup la largeur totale du logo.
• La finesse des lignes (étroitesse des pleins) résout le problème de hiérarchisation avec le dessin de la machine : l’œil est clairement d’abord capté par le dessin, qui présente sans conteste la plus grande surface d’aplats ; les lettres DMS arrivent en 2e position, assez loin derrière pour éviter toute concurrence, tout en restant très grandes et lisibles de loin malgré le peu de surface occupé par la couleur.

Finalisation

La police adoptée, il reste à finaliser la courbe du fil reliant le dessin de machine au texte. Contrairement à mon idée de départ, telle qu’expérimentée avec la première police essayée (première image, ci-dessus), la police finalement retenue ne permet pas de faire se terminer la courbe du fil de sorte qu’il dessine une des droites du « m » de « machines » : l’empattement réduirait la pertinence de l’effet, et l’angle d’attaque de la ligne droite contraindrait la courbe du fil à arriver de bien trop haut, empiétant sur la lettre D ou la frôlant de trop près pour bien faire.

Après réflexion et recherches diverses, j’aboutis à l’idée de dessiner l’intégralité de la lettre « m », en créant moi-même le dessin de la lettre de sorte de trouver les courbes les plus homogènes avec le rayon de courbure du fil, tout en apportant une touche manuscrite et féminine au lettrage, par ailleurs droit et masculin. Après plusieurs essais, je trouve une forme de lettre « m » qui m’apparaît se marier parfaitement avec le reste des lettres, tout en apportant la continuité voulue avec les courbes du dessin. Le mot « machines », porteur, avec sa signification, d’une image potentiellement froide et mécanique, est ainsi très avantageusement adouci, réchauffé et humanisé, grâce aux courbes, à la couleur orangée et à l’évocation manuscrite.

Logo de l’association CAOA

Avant de « relooker » son site internet, l’association des conservateurs des antiquités et objets d’art de France m’avait chargé de refondre son logo. Le voici (en fin d’article, vous pourrez découvrir quelques-uns des projets réalisés dans le cadre de mes recherches préalables) :

L’image du travail du conservateur, fortement associée au passé, est en complet décalage avec la réalité de ses missions, sous-tendues par deux objectifs : mettre en valeur pour aujourd’hui et préserver pour demain.

Traduire visuellement cette orientation vers l’avenir a donc été l’une des préoccupations majeures qui ont présidé aux recherches pour le nouveau logotype.

La forme rouge qui traverse le « O » synthétise, en un dessin unique, deux signes graphiques distincts :

• la  coche, celle que l’on utilise pour faire une sélection dans une liste d’éléments ou pour marquer une étape franchie, un travail fait ;

• la flèche ; elle est tournée vers la droite, qui pour les occidentaux est le sens de lecture et évoque donc intuitivement le futur.

En synthétisant ces deux signes graphiques (la coche et la flèche), cette forme rouge en évoque un troisième :
le rebond.

On peut définir le rebond comme étant ce qui fait succéder à une chute une nouvelle ascension.

On trouve là un symbole assez parlant de ce que fait très souvent le conservateur : mettre fin à une période de dégradation d’un patrimoine, de détérioration, ou simplement d’oubli, et lui donner un nouvel avenir, en un sens un nouvel élan.

Le moment clé de ce changement de direction, l’endroit du rebond, est bien le geste du recensement, de l’inscription, de la mise en place de la protection, de la restauration, geste qui est symbolisé par le « O » en forme de cercle tracé à la main.

Pour finir, comme annoncé, voici quelques exemples de recherches préalables :

Logo pour l’orchestre d’Isabelle Lépinay

Logo pour l’orchestre variété / musette d’Isabelle Lépinay. Version finale en couleurs.

Ci-dessous, sélection des recherches préliminaires, réalisées en monochrome.

Le cahier des charges imposait que les recherches se limitent à un jeu sur les initiales de l’orchestre (les trois, O I et L, ou seulement certaines) avec peu de couleurs et un graphisme assez simple pour être découpé en pochoir (nécessité d’autoriser une version en gobo).

Les recherches montrées ici sont une sélection parmi la première étape de recherche, celle de la forme du logo ; une fois cette forme choisie par le client, ont suivi des recherches plus spécifiques sur la palette de couleurs, puis sur la mise en forme du texte.

Ce logo a été animé pour le site que j’ai réalisé pour l’artiste. Cette version animée (en Flash) est visible à http://www.isabelle-lepinay.com/orchestre.html. Je présenterai ce travail ici dans un article prochain.